Ambroise Duchemin
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Vendu

Victor Hugo

1802–1885

Sorcière

Vers 1856–1857
Plume et encre brune sur papier
147 x 85 mm
Provenance :
Feuillet provenant d'un carnet à dessins de l'artiste
Hôtel Drouot, Paris, 25 novembre 1992, lot 9
Galerie Aittouarès, Paris
Collection particulière
Expositions :
Venise, Galleria d'Arte Moderna Ca' Pesaro, Victor Hugo peintre, 13 mars – 23 mai 1993
Victor Hugo : du chaos dans le pinceau :

Madrid, museo Thyssen-Bornemisza, 2 juin – 10 septembre 2000
Paris, Maison de Victor Hugo, 12 octobre 2000 – 7 janvier 2001
Publications :
Lebel, Prévost, Victor Hugo peintre, 1993, n°33, p.50
Lebel, Prévost, Victor Hugo : du chaos dans le pinceau, 2000, n°153

En 1851, à la suite du coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte, l'engagement politique de Victor Hugo, chef de file de l'école romantique, le contraint à quitter la France. Cet exil forcé s'avère être une période littéraire féconde. Après un séjour à Bruxelles, c'est à Jersey qu'il compose les Châtiments, un recueil de poèmes contestant la légitimité de Napoléon III. Expulsé de Jersey, il s'installe à Guernesey en 1855 où il rédige les Contemplations et reprend l'écriture des Misérables. Ces années marquent le transfert de l'inspiration lyrique dans l'oeuvre dessiné. L'univers visuel et pictural de l'artiste s'ouvre à l'espace des îles anglo-normandes, s'enrichit du spectacle de l'océan et de l'architecture locale.

Découpages, collages et compositions tachistes : une intense période de recherche graphique débute. Au cours de l'exil, il multiplie les expériences et n'hésite pas à utiliser pochoirs, taches d'encre, empreintes de doigt ou de dentelle. Il dessine aussi avec sa main gauche ; la technique très particulière de notre figure au trait continu, lâche et bouclé, a d'ailleurs incité certains à penser qu'il avait été tracé de cette main.

Notre dessin fait partie de cette production guernesiaise de l'artiste mais s'inscrit dans le prolongement de la période jersiaise, dont les séances de spiritisme journalières à Marine Terrace influencent profondément l'oeuvre graphique hugolien. Réalisé entre 1856 et 1857, dans les premières années du séjour à Guernesey, il appartient à une série de feuilles, souvent consignées dans des carnets à dessins, représentant petits monstres et figures étranges. Dans le catalogue d'exposition Du Chaos dans le pinceau, Marie-Laure Prévost reprend le terme de « dessins fantasques » pour caractériser cette série, terme proposé par Judith Petit en hommage au Promontoire du songe dans lequel Hugo écrivait : « le fantasque, qui n'est autre chose qu'un fantastique riant ».

« Ces dessins gardent aujourd'hui encore tout leur mystère. La présence de spectres, d'êtres hybrides qui tiennent de l'humain, de l'animal, du végétal, du minéral, les situe dans la mouvance des Tables ; mais il ne s'agit pas de dessins spirites »1. Ils s'organisent autour de plusieurs thèmes : musiciens, mères et enfants, silhouettes féminines, satyres, monstres et sorcières, comme la créature coiffée d'un chapeau pointu et chevauchant un balai représentée sur notre petite feuille. Notre dessin illustre ainsi parfaitement la modernité de Hugo, dont l'exécution préfigure les techniques expérimentales du surréalisme et de l'expressionnisme abstrait.

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