Né à Tournus en 1725, Jean-Baptiste Greuze se forme auprès de Charles Grandon à Lyon, puis dans l’atelier de Charles-Joseph Natoire à Paris. Il est agréé à l’Académie en 1755 comme « peintre de genre particulier » et commence à exposer au Salon la même année. Ses scènes de genre moralisatrices lui valent très vite un immense succès, en partie grâce au soutien de Denis Diderot. De 1755 à 1757, il voyage en Italie avec l’Abbé Gougenot et loge au Palais Mancini. À son retour en France, il s’entoure de graveurs qui font connaître ses compositions peintes et dessinées : essentiellement des scènes de la vie contemporaine et des portraits. En 1767, il est privé d’exposition au Salon par l’Académie qui lui réclame toujours son morceau de réception. Il décide alors de s’atteler à la peinture d’histoire et présente un sujet antique : L’Empereur Septime Sévère reproche à Caracalla, son fils, d’avoir voulu l’assassiner. Cette toile qui occupe l’artiste pendant deux ans, reçoit un accueil très froid de la critique, dont Diderot. Greuze est reçu en 1769 comme peintre de genre et décide, suite à cet échec, de ne plus présenter son travail au Salon. À partir de cette date, ses œuvres ne sont montrées que dans son atelier du Louvre où il organise des expositions en marge du Salon.
Greuze est un excellent dessinateur à la production prolifique. Qu’il s’agisse de ses têtes d’expression ou de ses études préparatoires à la sanguine ou au lavis, il considère ses dessins comme des œuvres indépendantes. Il avait l’habitude de vendre ses dessins dans son atelier, très prisés de son vivant puis après sa mort.
Les dessins à la plume et au lavis, comme le nôtre, sont le plus souvent utilisés pour mettre en place ses compositions ou pour étudier le mouvement des figures. Nerveux et spontanés, ils témoignent de l’influence de l’art hollandais du Siècle d’or, notamment des dessins de Rembrandt aux puissants effets de clair-obscur. Notre feuille – inédite – peut être mise en rapport avec un autre dessin (ill. 1) conservé au British Museum, en largeur, dans lequel notre figure affalée sur une table se retrouve dans la partie droite de la composition. Si le dessin de Londres est catalogué comme « scène de meurtre », la pose de notre figure, tête appuyée sur le bras, indique plutôt un homme endormi, dans la lignée des scènes de genre hollandaises.
Selon une inscription au dos du montage (ill. 2), notre dessin a appartenu au peintre Gaston Pierre Marc Bassompière (1796–1869), élève de Jacques-Louis David et professeur de dessin à La Flèche.