Eugène Delacroix fut un grand peintre animalier, s’inscrivant dans la lignée des maîtres anciens - Rembrandt, Pierre Paul Rubens, Alexandre-François Desportes ou Jean-Baptiste Oudry. Toute sa vie, il s’intéresse aux félins, qu’il observe dès les années 1820 au Jardin des Plantes : « ce sont ces observations répétées, faites avec la sagacité, la conscience, la volonté et la suprême compréhension du génie, qui ont fait de Delacroix le premier de tous les animaliers »1. Il s’imprègne de leurs attitudes, de leur élégance et de leur caractère. Il visite également avec son ami Antoine-Louis Barye les ménageries de fauves de la foire de Saint-Cloud et du muséum d’Histoire naturelle, pour étudier les animaux sur le vif. Entre 1827 et 1833, Barye et Delacroix assistent à diverses dissections d’animaux morts à la Ménagerie du Jardin des Plantes. Les deux artistes s’adonnent ainsi à de nombreuses investigations sur les cadavres intacts puis sur les écorchés. Delacroix parvient, dans des croquis à la plume ou au crayon, des aquarelles, pastels, estampes et peintures, à exprimer leur souplesse, leur puissance et leur grâce. Il trace de nombreuses études offrant une grande diversité d’attitudes : rugissant ou la tête basse, couché, se retournant ou à l’affût.
Outre sa fascination pour les fauves, l’artiste affectionne particulièrement les chats. Leur représentation dans son œuvre procède plutôt de l’intime que de l’étude. Il les croque sur le vif, dans des attitudes spontanées à l’image de notre feuille montrant des études de têtes brièvement saisies au crayon et à la plume, ainsi que quelques détails précis : les yeux et la patte.