Ambroise Duchemin
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Ernest Pignon-Ernest

1942–auj.

Vanité

2011
Fusain et gomme arabique sur papier

365 x 270 mm

Signé, titré et daté en bas à droite : « Ernest / Entretiens de la blessure / 2011 »

Dessinateur et plasticien, père fondateur du Street Art, Ernest Pignon-Ernest vit et travaille à Ivry où il a son atelier. Dès les années 1960, l’artiste commence son travail dans la rue. Il interpelle les passants sur les murs des grandes villes en affichant clairement son engagement politique avec des sujets qui font écho à l’actualité. Engagé socialement et politiquement, ses images donnent une voix aux populations les plus fragiles. Les croquis, dessins, pochoirs et collages d’Ernest Pignon-Ernest sont réalisés au fusain ou à la pierre noire. Il s’aide d’une gomme crantée afin de façonner les ombres et créer les reliefs de ses personnages. Il les reproduit ensuite en sérigraphie afin de les coller sur les murs des villes. L’artiste conserve tous ses travaux préparatoires et les photographies in situ.

En 2006, Ernest Pignon-Ernest a posé sur les murs des docks de Brest plusieurs dessins représentant Jean Genet, écrivain, poète et dramaturge français à la vie mouvementée, torturée et dont l’œuvre fut synonyme de scandales et succès. À cette occasion, André Velter écrit : « Comment s’affranchir de l’art du portrait quand on veut évoquer un artiste, un écrivain, un poète ? En usant d’un style impeccable, digne des auteurs de grande tradition, celui-ci avait voulu dévoyer, non le langage, mais les messages, non la forme, mais le fond, non les rythmes, mais les mentalités. Et pareillement, avec ses armes graphiques, Ernest Pignon-Ernest n’avait eu de cesse de jeter le trouble dans les rues, de rompre l’ordre du visible et de rendre manifeste la révolte, la beauté, l’interdit. »

En 2011, Ernest Pignon-Ernest interroge une nouvelle fois la figure de Jean Genet avec treize illustrations inédites réalisées pour l’édition originale de la monographie d’Hélène Cixous consacrée à Jean Genet, Entretien de la blessure (2011).

À travers la figure de Genet, l’ouvrage entame une discussion sur l’origine, sur l’individualité du langage, sur l’appropriation par l’interprétation. Ce texte invite à saisir le personnage de Genet par bribes comme pour mieux nous figurer l’éternel insaisissable.

Échos au texte de Cixous, les planches sont autant de fragments et constituent une monographie dans la monographie. Ainsi, un dessin de main glissée dans un livre inaugure malicieusement la série, suivi par une série de portraits. Les regards croisés de l’écrivain et du plasticien éclairent l’humanisme de l’œuvre de Genet et explorent son Entretien de la blessure : le dernier portrait est celui, déchirant, d’un homme qui crie. À ces portraits, des dessins de mains noueuses, de fleurs, ou du pied d’Hermès sont autant de références à la dimension mythique de l’auteur des Bonnes. Le dessin de notre crâne ferme la première série des portraits et inaugure la seconde moitié, plus symbolique. Évoquant les vanités classiques, le crâne est à la fois memento mori (« souviens-toi que tu mourras ») – clôturant la succession de portraits d’un Genet vieillissant – et rappel que le mythe et l’œuvre survivent à l’homme.

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